Modern Trumpet Concertos

alt
alt

CONCERTO POUR TROMPETTE de Karol BEFFA
L'écriture de ce concerto pour trompette est née d'une sorte de gageure. J'ai été tenté par l'idée d'appliquer à l'orchestre à cordes et sous une forme concertante ce que j'avais expérimenté un an auparavant avec ma pièce Masques pour violon et violoncelle seuls. J'ai été guidé par la volonté de partir d'une simplicité modale légèrement archaisante pour introduire progressivement un contrepoint et des harmonies plus riches, voire chargées, tout en conservant, tant que faire se pouvait, l'unité du style. Le fil directeur du concerto est un thème très long, ample, qui procède par paliers ascendants. A la faveur de fluctuations modales, il atteint à plusieurs reprises des pics d'intensité pour finalement venir se perdre dans le grave de l'instrument. En opposition avec ce tempo très lent, le thème de la partie centrale rythmique s'annonce par des ponctuations violentes, cinglantes comme des coups de fouet. Sa nervosité, son agitation obstinée qui se focalise sur certains pôles de façon quasi obsédante créent un effet de contraste. Après une culmination explosive, le premier thème
réapparaît, mêlé au second qui s'efface peu à peu, tandis que le tempo se ralentit jusqu'à extinction.
Karol Beffa

TRAME V de Martin MATALON
Trame V, dédié à la mémoire de Jimmy Sus, est écrit en sept mouvements, dont un prologue et un épilogue. Le protocole auquel l'oeuvre se plie met au premier plan le timbre de l'instrument soliste. Grâce à un usage raisonné des sourdines, la trompette se dévoile à mesure que la pièce avance, en allant du timbre le plus étouffé au timbre le plus clair. Sa personnalité changeante va lui permettre de se différencier du milieu sonore environnant et de conférer son caractère propre à chaque section. Successivement, intimiste (sourdine harmon), ludique (sourdine wah- wah), fragile (sourdine cup), tranchante et anguleuse (sourdine sèche), elle renoue pour finir avec le caractère dramatique et puissant du son naturel (sans sourdine), qui ne se révélera que lors du dernier mouvement. La forme générale de Trame V est ouverte et en constante évolution. Les sept sections s'enchaînent avec de brèves transitions, chaque mouvement étant comme l'affluent
de celui qui le suit. Le prologue est un milieu sonore très vaste et encore indistinct dans lequel évoluent quelques motifs épars. La trompette sert de catalyseur à ces éléments isolés. Dès son arrivée, la pulsation seclarifie, l'écriture et les pupitres orchestraux s'organisent.Les cuivres imitent le soliste jusque dans l'utilisation des sourdines. La trompette s'affirme à mesure que la piècese développe, et que son timbre évolue vers plus de clarté.
Dans le dernier mouvement, elle sera cause d'un maelstrom général qui perdra peu à peu de son amplitude. N'en restera, dans l'épilogue, que quelques remous, sur lesquels, plus que jamais assourdie par la practice mute, elle surnagera,
lointaine.

CONCERTO POUR TROMPETTE ET ORCHESTRE de Nicolas BACRI
Largement sollicitée aux Xli' et XVIII' siècles, la trompette, en laquelle Charles Koechlin voyait l'une des lumières de l'orchestre, a connu une étonnante éclipse en tant qu'instrument soliste à l'époque romantique. Ce n'était que pour mieux renaître au XXè siècle, peut-être en partie grâce au jazz où elle a joué un rôle essentiel et qui lui a permis de trouver une application nouvelle. Toutes les oeuvres interprétées ici par Eric Aubier constituent des premières mondiales, que ce soit dans leur version originale ou dans leur version avec orchestre. Toutes ressortissent au meilleur style français que l'on dit volontiers fait de charme, d'élégance et d'esprit. C'est en 1992 que Nicolas Bacri, alors pensionnaire à la Casa Velasquez, composa son Concerto pour trompette. L'oeuvre de cet élève de Louis Sager, Serge Nigg et Michel Philippot, ancien. pensionnaire de la Villa Medicis et ancien directeur du service de la musique de chambre à Radio- France, actuellement invité par l'Association Pour Que L'Esprit Vive à l'Abbaye de La Prée (Indre), porte une dédicace au compositeur anglais Michael Tippett. Rien de moins académique que cette page en cinq mouvements, solidement structurée autour d'un éclairage instrumental raffiné et marquée par une certaine décontraction mélismatique issue du jazz. A une Intrada à la fois solennelle et rythmée, où une trompette scintillante dialogue avec l'orchestre dans un mélange de violence et de paix, succède un mouvement Lullaby attribuant au soliste un chant suave conclu aux accents d'une cadence de uosité. Dépourvu de contrastes marqués. L'Intermezzo notturno s'élargit en un dessin ostinato, dans une hétérophonie de la trompette et du piano, entre lesquels çà et là s'immiscent discrètement d'autres timbres. Tout s'évanouira dans la douceur et la sérénité. Une brève méditation Disolato de la trompettes soutenue par trois violoncelles annonce l'ultime épisode, Fanfares for Sir Michael, hommage non déguisé à Michael Tippett. Inspirées du finale du Concerto pour orchestre de Tippett, ces Fanfares s'organisent en une sorte de rondo introduit par les timbales et sillonné par un bondissant thème de trompette, puis l'énergie et la fougue laissent la place au mystère et le mouvement s'éteint progressivement, presque lointain, reprenant le matériau de l'Intermezzo notturno. NICOLAS BA



AURA (par-delà les résonances) dédiée à Eric Aubier de Carlos Grätzer
J'aime les formes concertantes, qui tiennent une place importante dans mon catalogue. Elles m'intéressent comme cadre où développer des rapports originaux entre un soliste et son environnement sonore, que celui-ci soit un orchestre, un ensemble, ou des sons électroacoustiques. J'ai établi un répertoire des différents agencements possibles entre les deux * protagonistes ». Je le développe et l'élargis avec Aura (par- delà les résonances). Ainsi, dans cette oeuvre, j'exploite des correspondances entre le fond, assumé par l'environnement sonore, et la figure, incarnée par la trompette. J'y ai recours à des jeux de miroir, des divergences, des prolongements, des résonances, des situations d'intégration et de réactions mutuelles. Par ailleurs, je joue aussi sur des décalages dans les actions et la matière musicales, d'où découle une sorte de contrepoint d'intentions. J'ai écrit cette œuvre en prenant en compte l'influence du jazz pour l'évolution de l'instrument. Dans ce répertoire, je suis sensible à la richesse du timbre et aux modes de jeu. La partie de trompette est d'une très grande virtuosité. Elle est le fruit d'une riche collaboration avec Eric Aubier. Son talent et sa technique m'ont fortement motivé dans mon travail de composition. Ses encouragements, à ne pas restreindre ma créativité à cause des prétendues limites de l'instrument, et surtout sa maîtrise de celui-ci ainsi que sa palette « infinie » de possibilités, m'ont stimulé à exploiter et à élargir dans Aura [par-delà les résonances] l'éventail sonore de la trompette. À différents moments, il y a une grande force sonore, une grande énergie. Mais à d'autres, j'ai voulu faire apparaître tout ce que j'ai pu observer dans le jeu d'Eric et dont l'instrument est capable ses qualités de souplesse et d'agilité passent alors au premier plan.
Carlos Grätzer

  • Orchestre Philharmonique de Radio France, I Ming Huang
    Orchestre National de Lorraine, Jacques Mercier
    Orchestre Symphonique de Bretagne, François Bilger
    Orchestre à cordes de la Garde Républicaine, Sébastien Billard
    TOTAL TIME 69'25
    Indésens 2014
    Universal Music 2005
    Indésens 2015
    DDD INDE071
    REPUBLIQUE FRANÇAISE MINISTERE DE L'INTERIEUR
    Remerciements aux Editions Gérard Billaudot et Christophe Dardenne, de même qu'aux compositeurs Karol Beffa,
    Nicolas Bacri et Carlos Grätzer, à Isabelle Boureau-Post et Sébastien Billard, et à Yann Ollivier - Universal Music France, pour leurs contributions respectives à la réalisation de ce coffret. © Photos: Philip Neufeldt, Fotolia, DR
    Enregistré en 1996 à l'auditorium 104 de la Maison de Radio France (Paris) (13), en 1998 à Rennes (9-11), en 2004 à l'Arsenal
    (Metz) (2-8) et en 2014 à la Garde républicaine (Paris) (1). (P) indésens - Eric Aubier- 1996, 1998, 2014 © indésens 2015

,

En digne successeur de Maurice André, Eric Aubier poursuit depuis 25 ans sa collaboration avec les grands compositeurs actuels, pour développer le répertoire de la trompette soliste. Cet album juxtapose deux esthétiques, co- existantes au tournant du 21e siècle : tonale  avec Bacri et Beffa, puis  avant-gardiste  avec Matalon et Grätzer.

Descriptif


-1- Karol BEFFA (1973-)
Concerto pour trompette et orchestre (2005)
Création mondiale - World Premiere Recording
Orchestre à cordes de la Garde républicaine Sébastien Billard

Editions Billaudot Paris

- 2 Martin MATALON (1958-)
Trame V (2003) - Création mondiale - World Premiere Recording
Prologue
1er mouvement
2e mouvement
3e mouvement.
4e mouvement
5e mouvement et Epilogue
Orchestre National de Lorraine - Jacques Mercier
Editions Billaudot Paris

Nicolas BACRI (1961-)
Concerto pour trompette et orchestre
Création mondiale - World Premiere Recording
Intrada
Lullaby
Disolato
Intermezzo notturno
Fanfares for Sir Michael
Orchestre Symphonique de Bretagne - François Xavier Bilger
Durand/Universal Music Publishing Classical



Carlos Grätzer (1956-)
Aura Par-delà les résonances » pour trompette et 11 instruments (1996) 16:12
Création mondiale World Premiere Recording
Orchestre Philharmonique de Radio France - I Ming Huang
Live Recording Festival Présences 1997
Edition Carlos Grätzer